Carnet de voyage
dans les rues de Bologne
Mai 2017
détail du Palazzo Bolognini Amorini Salina
|
Miléna Secher
Jérémy Soheylian
jeremysoheylian@yahoo.fr
Mardi 16 mai,
naissance d'une ville
Bologna la grossa, la dotta, la rossa
« La beauté de Bologne ne se pense pas, mais se respire,
s'absorbe, se fait comestible. Dans le
jargon de Freud, on pourrait dire qu'aller à Bologne, c'est un peu comme
retourner dans le giron maternel. » Guido Piovene, Viaggio in Italia, 1957
Bologne, une ville entre
deux territoires : au nord-est la plaine, au sud-ouest la montagne avec la
chaine des Apennins. Elle est lovée entre les collines qui l'entourent, tout
particulièrement au sud où la campagne arrive aux portes de la ville. L’urbanisation
a quant à elle gagné la zone nord.
Bologne est la capitale de l'Emilie-Romagne, région
prospère aux industries fortes (mécanique, électronique, agroalimentaire...),
qui s'étend le long du fleuve Pô, sur des terres
fertiles, entre des mers (adriatique à l'est et tyrrhénienne à l'ouest) et des
régions puissantes.
La région est occupée depuis l'âge du
bronze (terra mare, villanoviens,
étrusques) et devient celte avant la colonisation romaine au IIe
siècle av. J.-C. Pour relier les différentes colonies (Bologne, Piacenza,
Modena, Parma...), on crée alors la Via Aemila, qui entrainera des
changements radicaux dans le développement des villes comme des campagnes, avec
la transformation des marécages en terres cultivables. Ravenne devient ensuite
le coeur politique au haut Moyen Âge jusqu'aux invasions lombardes. Puis, la
région entre au VIIIe s. dans le St-Empire Germanique et, grâce au Pape, est
subdivisée en féodalités, gouvernées par des évêques. Empire et Papauté se
déchirent alors pour contrôler les territoires (luttes entre gibelins et
guelfes). Les villes ont progressivement la volonté de devenir indépendantes.
Ces nouvelles communes développent alors leur économie et leurs arts, hégémonie
décuplée lorsque des seigneuries locales deviennent maîtresses des lieux, comme
les Estense à Ferrare dès 1242, et les Bentivoglio à Bologne au XVe siècle. Au début du XVIe siècle, après
diverses guerres, ces villes entrent dans les Etats pontificaux et ce jusqu'à
l'unité italienne en 1860. Seul l'épisode bonapartiste, fin XVIIIe,
début XIXe, viendra troubler cette mainmise papale de plusieurs
siècles. Malgré ces instabilités politiques, ce sont pendant ces
périodes allant du XIIIe au XVIe siècle, qu'art, architecture,
urbanisme, économie et sciences se développent à Bologne comme à Ferrare (premières
enceintes, ruelles, tours et portiques médiévaux, installation durable de
l'Université...) La culture gastronomique de Bologne, ses étudiants, son dynamisme
artistique et politique, ainsi que son centre ancien préservé ont attiré les
voyageurs dès le XVIIIe siècle.
Aux origines...
D'abord
Felsina pendant la période étrusque, elle devient, romaine, Bononia. La
partie nord de la place était ainsi le forum d'Auguste, au croisement des cardo
et decumanus de la ville (la découpant en plan quadrillé), ainsi que de
la Via Aemilia. Au centre de la piazza Maggiore, un pavement reprend les
exactes mesures d'un lotissement de la ville romaine d'origine (100x75m), le Crescentone
(1934, en granite rose).
Au Ve siècle, c'est l'évêque Pétrone qui restructure la ville. Il fait
notamment bâtir Santo Stefano et devient le saint patron de
Bologne : la commune mit ainsi toujours en avant son culte, revendiquant
son indépendance, contre la papauté. L'église principale, sur cette place, lui
est consacrée. L'arrivée des Lombards au VIIIe siècle, qui
s'installent hors des murs de l'antique cité, marque l'expansion radioconcentrique
de la ville. Les francs (sous Charlemagne) chassent les lombards et rendent la
ville au Pape. Au Xe siècle,
la population croit. Entre les XIe et XIIIe siècle,
quatre éléments primordiaux sont mis en place : le Studium
(Université) en 1088, les portiques
(1091), les tours (XIIIe) et la piazza Maggiore (vers 1200).
Le Studium est lié à la volonté de Mathilde
de Canossa, vicaire impériale. Les portiques sont liés au développement
économique de Bologne autour du commerce du tissu. Drapiers, notaires,
commerçants, forment des corporations fortes à partir du XIIe
siècle. Le Palazzo des Notai, sur la place, en est un bon exemple. Les tours, plus tardives, sont quant à elles
le signe de l'aristocratie locale cherchant à exhiber sa puissance. La piazza
Maggiore est conçue au moment des mesures urbanistiques fortes prises dans
la cité au XIIIe siècle, comme la mise en place de nouvelles
murailles ou l'obligation de construire en arcades. La place montre la
puissance de cette ville riche : le siège de la commune est l'actuel Palazzo
del Podestà (Palazzo Vecchio et Palazzo Nuovo, ainsi que Palzzo
del Re Enzo sont les 3 édifices qui forment l'actuel Palazzo del Podestà
et datent du XIIIe siècle).
La commune
prendra ses quartiers un siècle plus tard au Palazzo Comunale (ou d'Accursio),
ancien palais médiéval privé. A ce
moment, on élèvera S. Petronio, terminée seulement en 1663. L'église
devant à l’origine avoir un plan en croix latine se voit privée de son transept.
En effet, la construction est bloquée pendant deux
siècles par le Pape qui ne veut pas qu'une église plus grande que celle de St
Pierre de Rome soit édifiée. La façade, en pierre d'Istria et marbre rose de
Vérone possède trois portails. Le central est décoré de sculptures de Jacopo
della Quercia (1425-38). L'intérieur de la basilique de style gothique compte
trois nefs monumentales. Un groupe en terre cuite peinte, fin XVe,
chef d’oeuvre en la matière, est signé de Vincenzo Onofri.
De la piazza Ravegnana...
« En approchant de Bologne, on est frappé de loin par deux tours très
élevées, dont l’une surtout est penchée d’une manière qui effraie la vue. C’est
en vain que l’on sait qu’elle est ainsi bâtie, et que c’est ainsi qu’elle a vu
passer les siècles ; cet aspect importune l’imagination. » Mme de
Staël, Corine ou l'Italie, chapitre 8, 1807
« Bologne, 18 octobre 1786, de nuit
Vers le soir, je me suis enfin sauvé de cette vieille, respectable et
docte ville, de cette foule, qui, sous les treilles en berceaux, qu’on voit se
déployer dans presque toutes les rues, garantie du soleil et du mauvais temps,
peut aller et venir, badauder, acheter et vaquer à ses affaires. Je suis monté
à la tour, et j’ai joui du grand air. La vue est magnifique. (…) ». Johann Wolfang von Goethe, Voyage en
Italie, 1786.
Les
tours sont le symbole de cette ville aristocratique des XIIe et XIIIe
siècle. Leur rôle est double : afficher la puissance de son propriétaire
et protéger sa demeure. La tour Asinelli est la première documentée, au
début du XIIe siècle, par la famille du même nom. Au XIIIe siècle, on en compte une
centaine. L'Asinelli, en raison sa position stratégique, culmine à 97m, quand
les autres ne dépassent pas les 60m.
Elle penche de 2,23m vers l'ouest. La tour
Garisenda (48,16m) appartenait à une famille de drapier. Au XIVe siècle elle fut descendue d'une vingtaine de mètres
par peur d'écroulement. Elle penche de 3,22m vers le nord-est, ce qui fit dire
à Dante : « Qual pare a riguardar la Garisenda / sotto I chinato,
quando un nuvol vada / sovr'essa si, che ella incontro penda... » (Divine
Comédie). Les tours appartenant à la même faction, pouvaient se rejoindre
par des ponts de bois. Elles
permettaient le refuge à une famille, une corporation ou à un parti politique. Bon
nombre de ces tours ont été victimes de séismes, d’autres tombèrent lors des grands
travaux du XIXe siècle. On en compte aujourd’hui une vingtaine.
La piazza Ravegnana, coeur de la cité, tient son
nom de l'antique Bononia, dont l'une des voies principales partait vers
Ravenne. On y trouve entre autres le
palais des drapiers, la statue de San Petronio réalisée par la corporation des
drapiers en 1683, ou encore l'église S. Bartolomeo. Derrière, on
aperçoit le palais de la Mercanzia (1384), édifice de style gothique
flamboyant. On peut aussi admirer des maisons des XIIe, XIIIe
et XIVe siècles, en direction de Santo Stefano ou de la Strada
Maggiore, souvent très restaurées au XIXe siècle. Par exemple, la
casa Isolani, affiche un portique en bois haut de plus de 9m.
...aux 7 églises de Santo Stefano
Ces églises, de style roman (à l'origine 7), sont les
plus anciennes de la ville. En 393, Ambrose, évêque de Milan, ordonne la
construction d'une église dédiée à Vitale et Agricola, juste à côté d'un temple
d'Isis. Durant son épiscopat, Pétrone (vers 430-450) transforme le temple en
église chrétienne et le choisit pour y être enterré. Les zones de service du
temple deviennent une autre église : celle du Martyr et de la Trinité. Le
but de Pétrone est de créer un parcours de dévotion sur les lieux de la
passion, d'où l'appellation
« Jérusalem de Bologne ».
Au VIIIe siècle, les Lombards érigent
une église dédiée à St-Jean-Baptiste qui devient celle du Crucifix. En 1743, le
Pape Benoît XIV voulut que la tête de San Petronio soit installée dans le
duomo. La tête et le corps furent réunifiés seulement en l'an 2000 ! De gauche à droite, en
façade, on peut voir : l’église de San Vitale et Agricola (XIe),
l'église octogonale du St-Sépulcre (du XIIe, en place de l'ancien
temple romain), l'église du Crucifix (XIe) et un couvent bénédictin.
Mercredi 17 mai, La Renaissance bolonaise
La renaissance du quattrocento
Tandis que le
XIIIe siècle est une période faste pour la ville, le siècle suivant va
être marqué par une période de déclin (lutte pour préserver son autonomie du
joug impérial, crises entre guelfes et gibelins, peste noire et naissance d’universités
dans d’autres villes). La démographie passe de 50 000 à 20 000 habitants à la
fin du XIVe. Une puissante famille va prendre le pouvoir vers 1450. Les
Bentivoglio vont progressivement imposer leur souveraineté, rétablissant paix
et stabilité. A l'ombre du Pape, ils redessinent la ville et ses palais,
faisant appel aux grands maîtres ferrarais d’abord, Bolonais ensuite. Cette
période marque aussi la renaissance de l'Université par la présence de grands
scientifiques et philosophes (Manfredi, Pic de la Mirandole, Copernic, etc.)
Leur règne dure 56 ans et prend fin dans le sang et l'exil, suite à des
luttes de pouvoir contre d'autres familles. La population fait elle aussi
connaitre son mécontentement croissant devant le comportement
« dictatorial » des Bentivoglio. Ils sont finalement chassés par le pape Jules II qui reprend enfin le contrôle de la ville.
Sur la place principale, la piazza
Maggiore, on construit la grande tour, la Vierge à l'enfant de Nicolo dell'Arca
et l'horloge du Palazzo Communale, toujours dans un style gothique. La façade
du Palazzo del Podestà est redessinée par Fioravanti dans un style
caractéristique de la renaissance italienne. Avec ses ordres superposés, son
bossage, le rythme des arcades et sa composition symétrique, le palazzo propose
une démonstration éloquente du langage classique de l’architecture alors très
en vogue en ce milieu de quattrocento.
Le portique, présent sur 60 km à Bologne, est une
galerie couverte dont la voûte ou le plafond sont supportés par des colonnes,
piliers ou arcades. A l'origine, les
plus anciennes maisons avec portiques sont un moyen d’étendre l’habitation sans
empiéter sur la voierie (dans l’esprit des maisons en encorbellement), avec de
gros piliers en bois. Ils rappellent aussi l'influence de l'architecture
romaine friande d'arcades dans ses constructions, qu’il s’agisse d’ouvrages d’arts
(aqueduc et viaduc), de monuments (péristyle autour de la cella du temple), ou
de constructions privées (péristyle du patio de la domus). Alors que les
tours symbolisent la puissance des aristocrates, les portiques témoignent eux
de la vitalité commerciale et artisanale de la ville. Ce sont des lieux de vie,
de travail, de passage, de rencontre...
En 1288, les actes communaux obligent la
construction d'un portique devant chez soi.
Alors que dans d'autres villes ce type de construction est banni pour
gagner de l'espace, à Bologne, le bien privé devient d'usage public. Leurs
formes et gestions depuis le XIIIe siècle sont minutieusement
réglementées : un cheval pouvait y passer et les propriétaires devaient
garantir les rénovations et décors. Ces portiques marquent une distinction très
nette entre lieu de passage (la rue), lieu de commerce et piéton (le portique)
et lieu privé (cour, immeuble et jardin).
« Le portique s'empare de toutes les rues. Et met une ombre dans
laquelle un rayon de soleil filtre ici et là, faisant de cette ville de soleil
une ville du clair-obscur. » Les frères Goncourt, 1855.
« (…) Du reste, Bologne offre un aspect désert et
sombre, parce qu'elle a des portiques des deux côtés dans toutes les rues. Il
faut des portiques d'un côté seulement, comme à Modène. C'est ainsi que sera
Paris dans deux siècles. En général, les portiques de Bologne sont moins
élégants que ceux de la rue Castiglione, mais ils sont bien plus commodes, et
mettent parfaitement à l'abri des plus grandes pluies, telles que celle qui
m'accueillit le jour de mon arrivée, et qui recommence ce matin. »
Stendhal, 1826
Sur les traces des Bentivoglio
La via San Stefano,
ancienne route vers la Toscane, est ponctuée d'arcades de la fin du Moyen Âge.
Elle débouche sur la belle place Santo Stefano, avec ses palais des XVe
et XVIe siècles. A l'ouest, le palais Bolognini Armorini et
ses des décors anthropomorphes, suivi de la Casa Bianchi avec son haut
portique aux colonnes de grès à fûts cannelés. Puis succèdent les maisons Tacconi et Becadelli. A l'est, on peut observer le palais
renaissance Isolani édifié par
le florentin Pali di Lapo Portiginai. En continuant la rue on trouve des palais
plus tardifs comme Vizzani, Zani, Ghiselli Vazelli… Enfin, au bout
de la rue, Santa Maria del Baraccano, affiche l’un des plus beaux
portiques de la ville, de l'époque des Bentivoglio.
La Strada Maggiore, qui suit une grande
partie de Via Aemilia, possède elle aussi de très nombreux palazzi et
portiques monumentaux, comme celui de Santa Maria dei Servi. Commencé au
milieu du XIVe sur un dessin d'Antonio di Vincenzo, le portique présente
une succession d'amples voûtes d'arrêtes reposant sur de fluettes colonnes de
marbre baguées à mi- fût. L'intérieur de
l'église est d’un gothique tardif. Face au portique, se trouve également le Palazzo
Davia Bargellini, bâti d’après un dessin de Bartolomeo Provaglia au milieu
du XVIIe siècle. On le surnomme le « palais des géants ». Les
deux atlantes monumentaux qui gardent l’entrée et l’absence de portique témoignent
de la puissance de son propriétaire.
En passant par la Piazzetta dei Carabinieri
et la via San Vitale, nos pas nous mènent à la Piazza Verdi,
coeur de la ville universitaire actuelle et lieu du théâtre, élevé en 1764, sur
un projet de Bibiena. Il a été construit à la place de l'ancien palais des
Bentivoglio, détruit par la population en 1507. N’en subsistent que les écuries
et quelques ruines enfouies sous le jardin Guasto. Décoré par Francesco
Francia et Lorenzo Costa, il aurait compté environ 250 pièces et se serait
inspiré du palais des drapiers Strazzaroli Piazza Ravagnena, actuelle
librairie Feltrinelli.
La place et la rue Zamboni bordées de palais
demeurent quant à elles. Monumentalisant le parcours de la place principale à
la Domus Aurea, la rue se compose notamment des palais Poggi et
Magnani. Autrefois sièges de résidences aristocratiques et d'édifices
religieux. L'oratoire de Santa
Cecilia et ses fresques de Francesco Francia, Lorenzo Costa, Amico
Aspertini du début du XVIe siècle rappellent cette période de la
renaissance Bolonaise. Le portique et l'église S. Giacomo Maggiore
imaginés fin XVe comme un parcours cérémoniel jusqu'à la demeure des
Bentivoglio. Construite entre 1267 et 1343, elle se compose d'une nef unique. Les Bentivoglio y sont représentés au sommet
de leur gloire dans le tableau de Lorenzo Costa (1488), avec Giovanni II, sa femme Ginevra Sforza, leurs 4 fils et 7
filles.
Jeudi
18 mai, Ferrare
L’hégémonie des Estense
Plus
petite que Bologne par sa taille, sa voisine Ferrare est plus calme et le vélo
y règne en maître. Sur la plaine du Pô, elle garde l'empreinte de ses grands
maîtres médiévaux, les Este, qui l'ont dominée des XIIIe au XVIe siècle. Les plus importants sont Nicolo III, Borso
puis Ercole (fin XVe, début XVIe). La période de la renaissance
marque l'apogée de la ville avec l'ouverture d'une université, d'une école de
peinture, le développement littéraire, des arts et de l'architecture. La cité
décline progressivement à partir de la fin du XVIe, avec
l'ensablement du Pô et les fièvres engendrées par les marécages. Les Este
déménagent à Modène abandonnant la ville qui tombe en léthargie. Au XXe
siècle, surviennent de nombreux soulèvements ouvriers, puis s’installe un
terrain propice au fascisme comme à la résistance. La ville subit de nombreux
bombardements durant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi un terrible
tremblement de terre en 2012, cause de nombreuses destructions.
La forme actuelle de la ville date du
XVIe siècle. On la doit à la volonté d'un homme: Ercole primo
d'Este, époux de la fille du roi de Naples (Eléonore d'Aragon). C'est la
première cité moderne d'Europe selon l'historien suisse Putark, avec un plan
régulier, qui dessine la ville dans ses murailles (9km), sur un petit noyau
médiéval. C’est à Rosetti que l’on doit le projet urbain. Il fait abattre les
anciennes fortifications, créer un nouveau cours qui part du château, imposant
une même hauteur à tous les palais. Il lie la ville moderne et la ville
ancienne avec de nouvelles rues (Rossetti, Giovecca et Ercole primo). Sur le
cours Ercole primo, les angles des palazzi renaissances sont
décorés pour arriver au très beau carrefour renaissance, avec le Palais des
Diamants qui appartenait au frère du duc d'Este. Sa construction nécessita 8500 blocs de pierre.
Le diamant, symbole de force et de pureté, était le symbole d'Ercole primo.
L'illusion d'optique créée et la vibration de la lumière sont accentuées par
l'orientation des pointes, tournées vers le bas dans la partie inférieure,
centrées au milieu et tournées vers le haut dans la partie supérieure. D'autres
palais avec jardins et parcs mènent jusqu’à la
chartreuse. Les Este conçurent également la place Ariostea pensée comme
le nouveau forum de la cité. Inachevée, cette place accueille tout de même
chaque année le palio de Ferrare.
Le château Estense devient palais ducal en 1496. Il fut construit un siècle plus tôt par Nicolo II, dans une période de crise, pour se protéger de son propre peuple !
Un passage est aménagé entre le palazzo
communal et le château. Vers 1500,
Alfonso primo le transforme en un lieu luxueux, et faisant appel aux
meilleurs peintres de son temps, comme Titien, Bellini... Alfonso va épouser en
secondes noces Lucrezia Borgia, avec qui il aura 6 enfants. En 1598 après
la mort d’Alfonso II qui ne laisse pas d’héritier, la ville tombe sous
l’autorité papale.
On retrouve les Este sur la place principale :
devant le Palazzo Comunale, le marquis Nicolo III d'Este (1451) est représenté
à cheval (tel un empereur romain), conquérant de l'indépendance de la ville. Le
Palazzo Comunale a presque entièrement été reconstruit au XIXe
siècle en reprenant le style médiéval. L'escalier extérieur est quant à lui
d'origine. Il fut construit en 1481.
Une cité médiévale
Initialement, le coeur de
la ville était plutôt vers l'ancien port. La partie la plus ancienne de la
ville est au sud du château, proche du duomo San Giorgio qui date du XIe
siècle.
Durant cette période, le Pô traversait encore
Ferrare, avant d'être dévié à 7km pour éviter les inondations. La Via delle
Volte longeait alors le fleuve aux XIIIe et XIVe, période de développement de
la ville. Cette rue était une voie de service pour arriver aux hôtels
particuliers. La construction du duomo fit basculer le centre où il est
aujourd'hui.
Au XIIe siècle
on construit la rue en arcades San Romano, pour aller du fleuve au duomo
(pèlerins). La façade du duomo témoigne de ce double titre noble et politique
des Este, superposant une rangée d’arcades romanes (architecture de Rome) en
pleins cintres à une rangée d’arcades gothiques en ogives (architecture de
l’empire). On y retrouve également l'influence française avec l'iconographie du
Jugement dernier, avec à droite l'enfer
et à gauche le paradis. L'intérieur actuel est du XVIe siècle et
reprend la forme traditionnelle romane, avec une grande nef et
des collatéraux. Le campanile de pure style renaissance a été partiellement
détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a été conçu d'après un dessin
d'Albertini en 1442, alors qu'il venait de restructurer Rome. L'influence du
grandiose, de l'antiquité est palpable avec un jeu d'appareillage en bichromie.
Vendredi 19 mai, Les Carrache
La ville du Pape
« On
donne à Bologne l'épithète de grasse, parce qu'elle est située dans un pays
extrêmement fertile, aussi bien cultivé que les Etats du Grand-Duc. Elle est
après Rome la plus grande, la plus peuplée et la plus considérable de tout
l’État ecclésiastique. » J.-B. Labat, 1706
En
1506, l'armée de Jules II, allié à Louis XII, assiège la ville et la reprend.
La famille Bentivoglio est remplacée en 1506 par une oligarchie composée d'un
légat du pape et de 50 membres issus de la noblesse. Cette stabilité et cette indépendance
favorisent le développement des arts du XVIe au XVIIIe
siècle. De nouvelles installations urbaines et les activités économiques liées
au tissu vont changer le visage de la ville: la place principale est
réorganisée, les palais de style classique se multiplient et les premiers
quartiers populaires se développent autour des nombreux canaux. Une centaine de
moulins sont en activité au XVIIe siècle, et le commerce du tissu fait
vivre un tiers de la population.
A partir du XVIe siècle
Bologne devient la capitale de la partie septentrionale des Etats pontificaux
et est ainsi marquée par le pouvoir de l’Église, en pleine restructuration
(Concile de Trente 1545-1563, dont une partie se déroule à S. Petronio).
Cette réforme, qui marque un retour au catholicisme et l'influence que l'église
devait exercer sur la culture et la société, entraîne à Bologne :
- la construction d'une nouvelle
université : l'Archiginnasio
- la réorganisation de la place
principale
- des changements en architecture et en
peinture
Cette politique de rationalisation et
de centralisation est particulièrement mise en oeuvre par le légat pontifical Carlo Borromeo et le vice-légat Pier Donato Cesi au milieu du XVIe siècle.
L'Archiginnasio est construit en
1503. 1er
siège stable de l'Université, il réunit différentes écoles : celles des
légistes et celles des artistes (philosophie, médecine, mathématiques, sciences
physiques et naturelles). L’édifice dessiné par Antonio Morandi prit le nom que
l'on donnait aux universités : « Archiginnasio ». Il est
composé d'un long portique de 139m et d'une cour centrale à deux niveaux. Les 2
escaliers menaient à 10 salles de classes, 2 amphithéâtres, une pour les artistes
(actuelle salle de lecture de la bibliothèque) et l'autre pour les légistes
(Stabat Mater) et un théâtre d'anatomie construit en 1637 par Antonio Levanti.
Le palais est couvert de décors, inscriptions et monuments commémoratifs des
grands maîtres de l'Université, entourés des écussons d'étudiants de la fin XVIe
jusqu'au XVIIIe.
« L'institut
seul suffirait à honorer la capitale d'un Etat. C'est un palais qui renferme tout ce qui concerne les
sciences et les arts, astronomie, physique, anatomie, peinture, sculpture,
bibliothèque, etc., rien n'y est oublié en leçons et modèles. » Ch.
Duclos, 1767
Cette construction marque le début d’un plan de
réaménagement du centre historique dans les années 1560. On aménage la place
Galvani devant l'Archiginnasio, on construit le portique Pavaglione
et l’Ospedale delle Morte (l'hôpital de la Compagnie de la Mort), devenu
aujourd’hui le siège du musée archéologique. La
place de Neptune, sur laquelle est érigée la fontaine de marbre et de bronze
représentant le dieu des mers surplombant la ville. Elle représente le pouvoir
papal dominant le monde et fut construite par Giambologna d'après des dessins
de Tomaso Laureti.
« (…) Cela ranime,
et l'on va jusqu'à une fontaine qu'on découvre sur la gauche. Ici la Renaissance
et le paganisme atteignent leur extrême.
Au sommet est un superbe Neptune de bronze par Jean Boulogne, non pas un
dieu antique, calme et digne d'être adoré, mais un dieu mythologique qui sert à
l'ornement, qui est nu et qui étale ses muscles. Aux quatre coins du bassin,
quatre enfants, joyeux et dodus, empoignent des dauphins qui frétillent ;
sous les pieds du dieu, quatre femmes à jambes de poissons déploient la
magnifique nudité de leurs corps cambrés,
la sensualité fraîche de leurs têtes hardies, et pressent à pleines
mains leur sein gonflé pour en faire jaillir l'eau. » H. Taine, 1865
Le portail monumental sur le Palazzo Comunale
est construit à la même période. On peut y voir la statue du Pape Grégoire
XIII, originaire de Bologne, accompagnée de la mention « Divus
Petronius, Protector et Pater » qui le place en nouveau saint patron
de la ville. On édifie le palazzo dei Banchi, qui présente une longue
façade constituée de portiques ouvrant vers le Mercato di Mezzo. Son
architecture s’inspire du modèle de l’arc de triomphe romain. Elle reprend aussi,
de manière
plus sévère, l’architecture du Palazzo del Podestà.
plus sévère, l’architecture du Palazzo del Podestà.
Pour compléter l’ensemble, une statue
de Jules II par Michelangelo s'élevait sur le portail de San Petronio.
Réalisée avec le bronze de la cloche du Palais de Bentivogio. Elle fut refondue
lors du bref retour au pouvoir des Bentivoglio pour faire une bombarde nommée « la
Giulia ».
L'école des Carrache
« Je
descends de cheval (…) Je viens de S. Michele in Bosco. C'est un couvent situé dans
une situation pittoresque, comme tous ceux d'Italie ; ce vaste édifice
couronne la plus jolie des collines, couvertes de bois, auxquelles Bologne est
adossée ; c'est un promontoire ombragé de grands arbres qui avancent sur
la plaine. (…) Au nord nous
avons devant les longues lignes des montagnes de Padoue, couronnées par les
sommets escarpés des Alpes de la Suisse et du Tyrol. Au couchant, l'immense océan de l'horizon
n'est interrompu que par les tours de Modène ; à l'est, l'oeil se perd
dans des plaines sans bornes : elles ne sont terminées que par la mer
Adriatique qu'on aperçoit les beaux jours d'été, au lever du soleil ; Au
midi, autour du nous, sur les collines qui s'avancent sur le front de l'Apennin ;
Leurs sommets, couverts de bouquets de bois, d'églises, de villas, de palais,
déploient la magnificence des beautés de la nature secondées par ce que les
arts d'Italie ont de plus entraînant. Le bleu foncé de l'atmosphère n'était
alterné que par quelques légers nuages d'une éclatante blancheur, que tout à
fait à la ligne de l'horizon. »
Stendhal, 1er mai 1817
En
ce lieu cher à Stendhal s'élève une très ancienne église, dont la forme
actuelle date des XVe, XVIe siècle. De complexe religieux
de l'ordre des Olivetani, elle devint prison, villa du légat papal, résidence
du roi d'Italie, et enfin siège d'un hôpital orthopédique adjacent à l'église. L’intérieur
de l'église est composé de deux niveaux. L’un pour les fidèles, l’autre réservé
aux moines. Sacristie, chapelle et nef sont ornées de fresques baroques des XVIe
et XVIIe siècle. Cet imposant dispositif abrite en son sein un
charmant petit cloître octogonal, auquel on accède par l'ancien couvent. Il est
décoré de fresques signées Ludovico Carrache et son école.
Les Carrache fondent leur Accademia degli
Incamminati dans les années 1590 à Bologne. Leur école de peinture prône un
retour aux sources de l'antique, l'observation de la réalité et la copie des
grands maîtres de la renaissance. Contemporains du Caravage leur peinture est
empreinte de dévotion. Première vraie corporation de
peintres, ils réforment l'art italien : entre nature et idée, entre doctrine
catholique et humanisme, les frères Carrache et leur cousin interprètent la
proposition de refonte de la peinture religieuse de la contre-réforme. Avec leurs élèves (Guido Reni, Le Dominiquin, Massari, le
Guerchin, etc.) Ils parviennent dans leur
peinture à associé la dimension du sacré
au réalisme. Les fresques du palais Fava et celle du palais Magnani marquent
leur apogée.
« La force de caractère chez les Carrache fut presque égale à leur talent. (…) Vous voyez toute l'étendue de la violence qu'osèrent faire à leur siècle Louis Carrache et ses deux cousins, l'immortel Annibale et Augustin. Or, ils n'avaient pour vivre que le produit de leurs pinceaux. Plusieurs fois ils furent sur le point d'abandonner le genre naturel et simple, pour flatter l'affectation à la mode. (…) N'aimant au monde que leur art, ils gagnèrent l'équivalent de 1500 francs à 2000 francs, et moururent pauvres, en cela bien différent de leurs illustres successeurs. Mais on parle d'eux deux siècles après leur mort, et quelques êtres romanesques regardent quelquefois leurs tableaux la larme à l'oeil. » Stendhal, 1826
Samedi 20 mai,
Les temps modernes
L'influence française
Suite à la
Révolution française, un vent de révolte souffle sur la ville et plus particulièrement
en Italie du Nord. Les étudiants Zamboni et de Rolandis s'insurgent contre le
pouvoir papal, mais sont rapidement arrêtés. En avril 1796, Napoléon arrive à
Bologne, remet en cause l'oligarchie et confie le pouvoir à la bourgeoisie. La
ville devient la capitale de la République Cispadane, dont le siège est établi
au Palazzo Communale, actuel hôtel de ville. De nouvelles constructions
pour le peuple sont mises en place : le cimetière de la chartreuse, des
promenades autour de l’enceinte de la ville, l'Université est transférée et
restructurée. Le quartier du nord-est devient le siège culturel et scientifique
de la ville avec l'installation de la Pinacothèque, de l'Académie des Beaux-Arts,
du lycée de musique et du jardin botanique.
La première moitié du XIXe siècle
est marquée par une instabilité politique pour la ville : la République
Cisalpine devient la République italienne puis le Royaume d'Italie après la
proclamation de Napoléon empereur. Suite à une révolution modérée, les autrichiens
détiennent la ville pendant presque un an. Puis, suite à la Seconde Guerre
d'Indépendance de l'Italie, Bologne n'est plus sous contrôle papal. Enfin, elle
adhère au Royaume d'Italie, qui ne deviendra République qu'après la Seconde
Guerre mondiale. Du milieu du XIXe à l'aube de la Grande Guerre, de
nombreux chantiers vont changer le visage urbain : le chemin de fer, les
jardins à la française de la Montagnola et de Margherita, les
aqueducs, la centrale électrique ou encore les quartiers ouvriers (par exemple
la via del Pratello à l'ouest de la ville). Vers 1850, les constructions
débordent des murs d’enceinte qui seront d’ailleurs abattus. En coeur de ville,
une nouvelle perspective sur les deux tours est créée avec la via Rizzoli. De nombreux
grands axes de circulation sont percés, comme la Via dell'Indipendenza,
qui relie la gare au centre-ville. On y trouve des palais de style Liberty,
comme de nouvelles résidences bourgeoises au sud, au pied de la colline.
Sur la Piazza Maggiore, hôtel de ville, musées et bibliothèque Salaborsa prennent place dans le Palazzo Comunale. La bibliothèque s'installe sur les vestiges de l'antique basilique.
La salle couverte prend place sur un ancien
jardin botanique, qui devint d'abord salle de la Bourse (d'où son nom), puis
banque, siège de diverses administrations, gymnase et même théâtre de Buratini.
Ce spectacle populaire de marionnettes s'inspire de la Comedia dell'arte,
interdite suite à la Révolution françaises dans les territoires italiens
occupés, car relatifs à l'ancien régime. Les burattini sont manipulés
par le bas par des burratinai. On crée de nouveaux personnages plus
populaires, d'aspect grotesque mais qui n’en ont pas moins d’esprit, une pensée
pragmatique et un sens de la justice. Pour n’en citer qu’un, Fagiolino
Fanfani, le cousin italien de
notre Guignol français. Ce personnage rêve de bonnes tagliatelles
et de justice pour tous. Il symbolise la force simple du petit face au
grand, celle du prolétariat face aux puissants.
Le Grand Tour
Les guerres
d'Italie font naître une fascination pour l'Italie. Les voyages d'aristocrates
et d'artistes vont se multiplier aux XVIIIe et XIXe siècles.
Ce périple entraine la jeunesse aristocratique dans un long voyage à travers la
France et l’Italie. Allant de villes en villes ils rencontrent les grands
maîtres italiens, découvrent l’architecture antique des romains et parcourent
les campagnes de Toscane. De ce voyage initiatique né au XVIIe un
gout prononcé pour le pittoresque, qui annonce déjà le romantisme du XIXe.
Bologne n'est pas une étape obligatoire, mais beaucoup d'artistes s'y arrêtent.
Le circuit traditionnel suit la traversée des Alpes, passe par Turin, Milan,
Gênes, Venise, Florence, Rome, Naples et Pompéi. La notion même de « tourisme »
émerge progressivement, avec les guides. Le mot provient de l'anglais « tourist »
et définit dès 1818 « une classe particulière de voyageurs, qui ne
poursuit pas d'objectifs précis mais voyage uniquement pour pouvoir ensuite
faire le récit de son périple ». La peinture
en « plein air » se développe et permet aux peintres de nourrir leurs
travaux d’atelier d’éléments pris sur le vif. Le gout de cette Italie pittoresque
empreinte de nostalgie s’essouffle à la fin du XIXe siècle. Les
crises sociales, la naissance de grandes villes portée par une industrie en
plein essor vont d’avantage inspirer les artistes notamment à travers la
photographie.
Le XXe siècle
Le socialisme s'est très fortement développé à
Bologne dès la fin du XIXe siècle, au moment de la révolution
industrielle. A l'aube de la Première
Guerre mondiale, en1914, Zanardi devient le premier maire socialiste, non sans
remous. En effet, Bologne est autant une ville « rouge » qu'une ville
« noire » : dès 1919 la ville devient fasciste. Toutefois la
résistance antifasciste ne cessera jamais. Dans les années 20-30, de nombreuses
constructions fascistes sont édifiés comme le stade ou des quartiers
d'habitations. La ville passe sous domination fasciste pendant l'entre-deux
guerres puis résiste à l'occupation allemande en 44. Elle paye un lourd tribut pendant la Seconde
Guerre. La ville subit de lourds dommages dus aux bombardements alliés.
C'est la gauche qui gouverne la ville depuis la fin
de la guerre. Devenue capitale de la nouvelle région
« Emilia Romagna » en 1947, Bologne connaît depuis un
développement démographique et économique majeur. L'urbanisme est rationalisé
avec la mise en place de zones très distinctes : les industries et le
tertiaire au nord-est, un centre historique restauré et des collines préservées
au sud.
Bologne est aujourd’hui une ville dynamique très peuplée, et un pôle économique international notamment au niveau des pièces mécaniques. Etudiante et accueillante, elle est toujours à l'avant-garde culturelle et artistique et continue d’être la capitale de la gastronomie italienne.
Deux
ou trois choses qu’il faut savoir... pour mieux dessiner l’architecture
A
propos du trait
Le manuel d’André Scobeltzine, « apprendre
à dessiner », pourra vous aider à avancer dans ce sens.
A propos de la perspective
La perspective est un procédé de dessin
qu’il est important de comprendre, afin d’éviter certains pièges que nous tend
notre cerveau.
Il faut ainsi savoir que toutes les lignes horizontales d’un plan que nous observons (ou de plusieurs plans parallèles), vont converger vers un même point de fuite se situant sur une ligne imaginaire se trouvant à hauteur de notre regard. Nous appellerons ces lignes les lignes de fuite. Plus nous serons proche du plan que nous observons et plus l’angle des lignes de fuite sera prononcé.
Par exemple, la ligne horizontale (dans
l’espace) de la corniche d’un immeuble dont nous sommes très proches pourra
nous apparaitre verticale lorsque nous levons les yeux pour l’observer. Il est
important d’intégrer que la perception que nous avons de notre environnement va
changer en fonction de notre position dans l’espace.
Habituellement, la perspective se
construit à partir d’un ou deux points de fuite. Notre cône de vision a une
ouverture d’angle d’environ 40°. Si comme en photographie nous voulons
travailler sur un grand angle, il nous faut tourner la tête dans un sens ou
dans l’autre... Nous allons ainsi travailler avec trois points de fuite. Un au
centre, un à gauche et un à droite.
Faites l’expérience. Placez-vous sous
une arcade. Si vous tournez la tête vers la gauche, vous aller voir les lignes
horizontales filer vers un point se trouvant sur votre gauche. Il se produira
la même chose quand vous regarderez sur votre droite. Le dessin à trois points
de fuite revient à construire sur un même dessin ce que l’on voit en tournant
la tête dans un sens et dans l’autre.
Si à présent nous souhaitons aussi
dessiner ce qui se trouve sous nos pieds et au-dessus de nos têtes, il nous
faut effectuer un mouvement de tête de haut en bas. Ce qui, par conséquence,
nous donnera deux points de fuite supplémentaires vers lesquels fuiront cette
fois-ci les lignes verticales... Nous travaillons désormais une perspective
curviligne. Notre dessin s’inscrit dans une sphère à cinq points de fuite.
Cette approche théorique du dessin en
perspective peut être laissée de côté. Mieux vaut aborder le sujet de façon
plus intuitive. Par l’observation, apprenons à lire dans les lignes de
l’architecture.
A propos des personnages
Une ville sans passants est une ville
fantôme. Il est donc important d’animer les rues de vos croquis. Ne vous
attardez pas sur les détails. Seule compte la silhouette : Une tête posée
sur des épaules et une paire de jambes... le tour est joué.
Reste ensuite à savoir comment placer nos silhouettes par rapport aux édifices. Nous allons nous intéresser à trois cas de figure. Pour ces exemples, nous admettons que le sol est plat et que tous les passants font notre taille.
Lorsque vous dessinez assis, votre regard est environ à un mètre du sol, approximativement à hauteur du nombril des passants. Tous les nombrils vont donc s’aligner sur votre ligne d’horizon.
Si vous dessinez debout, votre regard est au niveau de celui des passants. Toutes les têtes vont donc s’aligner sur votre ligne d’horizon.
Si à présent vous dessinez allongés... votre regard est à hauteur des pieds des passants. Tous les pieds s’alignent alors sur votre ligne d’horizon.
Pour aller
plus loin
Dessins et peintures
Représentation
des Bentivoglio, Ercole di Roberti, 1476 et Lorenzo Costa, 1488 (chapelle
Bentivoglio)
Sainte Cécile de Raphaël,
1514-15
Saint Dominique
de
Guido Reni, 1613
Gli incanti di
medea, Carracci, Palazzo fava 1584
Le Grand Tour
«Voir
l'Italie et Mourir », catalogue exposition Orsay 2009, «Italies. Anthologie des voyageurs français aux
XVIIIe et XIXe siècles », Y. Hersant, 1998,
«Dictionnaire amoureux de
l'Italie », Fernandez et Ferranti, 1996
Bologne
« Bologna, 900 », Diritti, 2016, Guide vert italien sur Bologne,
site touristique http://www.bolognawelcome.com/, anciens
guides d'Italie, Museo della Storia di Bologna
Architecture
« Le langage classique de l’architecture »,
john summerson
« Apprendre à voir l’architecture »,
Bruno Zevi, 1959
Miléna Secher & Jérémy Soheylian
2017
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