mardi 27 juin 2017

echappée italienne- Bologne

Carnet de voyage 
dans les rues de Bologne 

Mai 2017



détail  du Palazzo Bolognini Amorini Salina

Miléna Secher

Jérémy Soheylian
jeremysoheylian@yahoo.fr



       


Mardi 16 mai, naissance d'une ville

Bologna la grossa, la dotta, la rossa

« La beauté de Bologne ne se pense pas, mais se respire, s'absorbe,  se fait comestible. Dans le jargon de Freud, on pourrait dire qu'aller à Bologne, c'est un peu comme retourner dans le giron maternel. » Guido Piovene, Viaggio in Italia, 1957


         

Bologne, une ville entre deux territoires : au nord-est la plaine, au sud-ouest la montagne avec la chaine des Apennins. Elle est lovée entre les collines qui l'entourent, tout particulièrement au sud où la campagne arrive aux portes de la ville. L’urbanisation a quant à elle gagné la zone nord.
Bologne est la capitale de l'Emilie-Romagne, région prospère aux industries fortes (mécanique, électronique, agroalimentaire...), qui s'étend le long du fleuve Pô, sur des terres fertiles, entre des mers (adriatique à l'est et tyrrhénienne à l'ouest) et des régions puissantes.

La région est occupée depuis l'âge du bronze  (terra mare, villanoviens, étrusques) et devient celte avant la colonisation romaine au IIe siècle av. J.-C. Pour relier les différentes colonies (Bologne, Piacenza, Modena, Parma...), on crée alors la Via Aemila, qui entrainera des changements radicaux dans le développement des villes comme des campagnes, avec la transformation des marécages en terres cultivables. Ravenne devient ensuite le coeur politique au haut Moyen Âge jusqu'aux invasions lombardes. Puis, la région entre au VIIIe s. dans le St-Empire Germanique et, grâce au Pape, est subdivisée en féodalités, gouvernées par des évêques. Empire et Papauté se déchirent alors pour contrôler les territoires (luttes entre gibelins et guelfes). Les villes ont progressivement la volonté de devenir indépendantes. Ces nouvelles communes développent alors leur économie et leurs arts, hégémonie décuplée lorsque des seigneuries locales deviennent maîtresses des lieux, comme les Estense à Ferrare dès 1242, et les Bentivoglio à Bologne au XVe siècle.  Au début du XVIe siècle, après diverses guerres, ces villes entrent dans les Etats pontificaux et ce jusqu'à l'unité italienne en 1860. Seul l'épisode bonapartiste, fin XVIIIe, début XIXe, viendra troubler cette mainmise papale de plusieurs siècles. Malgré ces instabilités politiques, ce sont pendant ces périodes allant du XIIIe au XVIe siècle, qu'art, architecture, urbanisme, économie et sciences se développent à Bologne comme à Ferrare (premières enceintes, ruelles, tours et portiques médiévaux, installation durable de l'Université...) La culture gastronomique de Bologne, ses étudiants, son dynamisme artistique et politique, ainsi que son centre ancien préservé ont attiré les voyageurs dès le XVIIIe siècle.


Aux origines...

          D'abord Felsina pendant la période étrusque, elle devient, romaine, Bononia. La partie nord de la place était ainsi le forum d'Auguste, au croisement des cardo et decumanus de la ville (la découpant en plan quadrillé), ainsi que de la Via Aemilia. Au centre de la piazza Maggiore, un pavement reprend les exactes mesures d'un lotissement de la ville romaine d'origine (100x75m), le Crescentone (1934, en granite rose).
Au Ve siècle, c'est l'évêque Pétrone qui restructure la ville. Il fait notamment bâtir Santo Stefano et devient le saint patron de Bologne : la commune mit ainsi toujours en avant son culte, revendiquant son indépendance, contre la papauté. L'église principale, sur cette place, lui est consacrée. L'arrivée des Lombards au VIIIe siècle, qui s'installent hors des murs de l'antique cité, marque l'expansion radioconcentrique de la ville. Les francs (sous Charlemagne) chassent les lombards et rendent la ville au Pape.  Au Xe siècle, la population croit. Entre les XIe et XIIIe siècle, quatre éléments primordiaux sont mis en place : le Studium (Université) en 1088,  les portiques (1091), les tours (XIIIe) et la piazza Maggiore (vers 1200).

Le Studium est lié à la volonté de Mathilde de Canossa, vicaire impériale. Les portiques sont liés au développement économique de Bologne autour du commerce du tissu. Drapiers, notaires, commerçants, forment des corporations fortes à partir du XIIe siècle. Le Palazzo des Notai, sur la place, en est un bon exemple.  Les tours, plus tardives, sont quant à elles le signe de l'aristocratie locale cherchant à exhiber sa puissance. La piazza Maggiore est conçue au moment des mesures urbanistiques fortes prises dans la cité au XIIIe siècle, comme la mise en place de nouvelles murailles ou l'obligation de construire en arcades. La place montre la puissance de cette ville riche : le siège de la commune est l'actuel Palazzo del Podestà (Palazzo Vecchio et Palazzo Nuovo, ainsi que Palzzo del Re Enzo sont les 3 édifices qui forment l'actuel Palazzo del Podestà et datent du XIIIe siècle).



 La commune prendra ses quartiers un siècle plus tard au Palazzo Comunale (ou d'Accursio), ancien palais médiéval privé.  A ce moment, on élèvera S. Petronio, terminée seulement en 1663. L'église devant à l’origine avoir un plan en croix latine se voit privée de son transept. En effet, la construction est bloquée pendant deux siècles par le Pape qui ne veut pas qu'une église plus grande que celle de St Pierre de Rome soit édifiée. La façade, en pierre d'Istria et marbre rose de Vérone possède trois portails. Le central est décoré de sculptures de Jacopo della Quercia (1425-38). L'intérieur de la basilique de style gothique compte trois nefs monumentales. Un groupe en terre cuite peinte, fin XVe, chef d’oeuvre en la matière, est signé de Vincenzo Onofri.


De la piazza Ravegnana...

« En approchant de Bologne, on est frappé de loin par deux tours très élevées, dont l’une surtout est penchée d’une manière qui effraie la vue. C’est en vain que l’on sait qu’elle est ainsi bâtie, et que c’est ainsi qu’elle a vu passer les siècles ; cet aspect importune l’imagination. » Mme de Staël, Corine ou l'Italie, chapitre 8, 1807

« Bologne, 18 octobre 1786, de nuit
Vers le soir, je me suis enfin sauvé de cette vieille, respectable et docte ville, de cette foule, qui, sous les treilles en berceaux, qu’on voit se déployer dans presque toutes les rues, garantie du soleil et du mauvais temps, peut aller et venir, badauder, acheter et vaquer à ses affaires. Je suis monté à la tour, et j’ai joui du grand air. La vue est magnifique. ()  ». Johann Wolfang von Goethe, Voyage en Italie, 1786.

          Les tours sont le symbole de cette ville aristocratique des XIIe et XIIIe siècle. Leur rôle est double : afficher la puissance de son propriétaire et protéger sa demeure. La tour Asinelli est la première documentée, au début du XIIe siècle, par la famille du même nom.  Au XIIIe siècle, on en compte une centaine. L'Asinelli, en raison sa position stratégique, culmine à 97m, quand les autres ne dépassent pas les 60m.


Elle penche de 2,23m vers l'ouest. La tour Garisenda (48,16m) appartenait à une famille de drapier.  Au XIVe siècle  elle fut descendue d'une vingtaine de mètres par peur d'écroulement. Elle penche de 3,22m vers le nord-est, ce qui fit dire à Dante : « Qual pare a riguardar la Garisenda / sotto I chinato, quando un nuvol vada / sovr'essa si, che ella incontro penda... » (Divine Comédie). Les tours appartenant à la même faction, pouvaient se rejoindre par des ponts de bois.  Elles permettaient le refuge à une famille, une corporation ou à un parti politique. Bon nombre de ces tours ont été victimes de séismes, d’autres tombèrent lors des grands travaux du XIXe siècle. On en compte aujourd’hui une vingtaine.

La piazza Ravegnana, coeur de la cité, tient son nom de l'antique Bononia, dont l'une des voies principales partait vers Ravenne. On y trouve entre autres  le palais des drapiers, la statue de San Petronio réalisée par la corporation des drapiers en 1683, ou encore l'église S. Bartolomeo. Derrière, on aperçoit le palais de la Mercanzia (1384), édifice de style gothique flamboyant. On peut aussi admirer des maisons des XIIe, XIIIe et XIVe siècles, en direction de Santo Stefano ou de la Strada Maggiore, souvent très restaurées au XIXe siècle. Par exemple, la casa Isolani, affiche un portique en bois haut de plus de 9m.




...aux 7 églises de Santo Stefano
Ces églises, de style roman (à l'origine 7), sont les plus anciennes de la ville. En 393, Ambrose, évêque de Milan, ordonne la construction d'une église dédiée à Vitale et Agricola, juste à côté d'un temple d'Isis. Durant son épiscopat, Pétrone (vers 430-450) transforme le temple en église chrétienne et le choisit pour y être enterré. Les zones de service du temple deviennent une autre église : celle du Martyr et de la Trinité. Le but de Pétrone est de créer un parcours de dévotion sur les lieux de la passion, d'où l'appellation  « Jérusalem de Bologne ».
Au VIIIe siècle, les Lombards érigent une église dédiée à St-Jean-Baptiste qui devient celle du Crucifix. En 1743, le Pape Benoît XIV voulut que la tête de San Petronio soit installée dans le duomo. La tête et le corps furent réunifiés seulement en l'an 2000 ! De gauche à droite, en façade, on peut voir : l’église de San Vitale et Agricola (XIe), l'église octogonale du St-Sépulcre (du XIIe, en place de l'ancien temple romain), l'église du Crucifix (XIe) et un couvent bénédictin.





Mercredi 17 mai, La Renaissance bolonaise

La renaissance du quattrocento

Tandis que le XIIIe siècle est une période faste pour la ville, le siècle suivant va être marqué par une période de déclin (lutte pour préserver son autonomie du joug impérial, crises entre guelfes et gibelins, peste noire et naissance d’universités dans d’autres villes). La démographie passe de 50 000 à 20 000 habitants à la fin du XIVe. Une puissante famille va prendre le pouvoir vers 1450. Les Bentivoglio vont progressivement imposer leur souveraineté, rétablissant paix et stabilité. A l'ombre du Pape, ils redessinent la ville et ses palais, faisant appel aux grands maîtres ferrarais d’abord, Bolonais ensuite. Cette période marque aussi la renaissance de l'Université par la présence de grands scientifiques et philosophes (Manfredi, Pic de la Mirandole, Copernic, etc.)

Leur règne dure 56 ans et prend fin dans le sang et l'exil, suite à des luttes de pouvoir contre d'autres familles. La population fait elle aussi connaitre son mécontentement croissant devant le comportement « dictatorial » des Bentivoglio. Ils sont finalement chassés par le pape Jules II qui reprend enfin le contrôle de la ville.

Sur la place principale, la piazza Maggiore, on construit la grande tour, la Vierge à l'enfant de Nicolo dell'Arca et l'horloge du Palazzo Communale, toujours dans un style gothique. La façade du Palazzo del Podestà est redessinée par Fioravanti dans un style caractéristique de la renaissance italienne. Avec ses ordres superposés, son bossage, le rythme des arcades et sa composition symétrique, le palazzo propose une démonstration éloquente du langage classique de l’architecture alors très en vogue en ce milieu de quattrocento.



Le portique, présent sur 60 km à Bologne, est une galerie couverte dont la voûte ou le plafond sont supportés par des colonnes, piliers ou arcades.  A l'origine, les plus anciennes maisons avec portiques sont un moyen d’étendre l’habitation sans empiéter sur la voierie (dans l’esprit des maisons en encorbellement), avec de gros piliers en bois. Ils rappellent aussi l'influence de l'architecture romaine friande d'arcades dans ses constructions, qu’il s’agisse d’ouvrages d’arts (aqueduc et viaduc), de monuments (péristyle autour de la cella du temple), ou de constructions privées (péristyle du patio de la domus). Alors que les tours symbolisent la puissance des aristocrates, les portiques témoignent eux de la vitalité commerciale et artisanale de la ville. Ce sont des lieux de vie, de travail, de passage, de rencontre...


En 1288, les actes communaux obligent la construction d'un portique devant chez soi.  Alors que dans d'autres villes ce type de construction est banni pour gagner de l'espace, à Bologne, le bien privé devient d'usage public. Leurs formes et gestions depuis le XIIIe siècle sont minutieusement réglementées : un cheval pouvait y passer et les propriétaires devaient garantir les rénovations et décors. Ces portiques marquent une distinction très nette entre lieu de passage (la rue), lieu de commerce et piéton (le portique) et lieu privé (cour, immeuble et jardin).



« Le portique s'empare de toutes les rues. Et met une ombre dans laquelle un rayon de soleil filtre ici et là, faisant de cette ville de soleil une ville du clair-obscur. » Les frères Goncourt, 1855.
« () Du reste, Bologne offre un aspect désert et sombre, parce qu'elle a des portiques des deux côtés dans toutes les rues. Il faut des portiques d'un côté seulement, comme à Modène. C'est ainsi que sera Paris dans deux siècles. En général, les portiques de Bologne sont moins élégants que ceux de la rue Castiglione, mais ils sont bien plus commodes, et mettent parfaitement à l'abri des plus grandes pluies, telles que celle qui m'accueillit le jour de mon arrivée, et qui recommence ce matin. » Stendhal, 1826


Sur les traces des Bentivoglio

         

La via San Stefano, ancienne route vers la Toscane, est ponctuée d'arcades de la fin du Moyen Âge. Elle débouche sur la belle place Santo Stefano, avec ses palais des XVe et XVIe siècles. A l'ouest, le palais Bolognini Armorini et ses des décors anthropomorphes, suivi de la Casa Bianchi avec son haut portique aux colonnes de grès à fûts cannelés. Puis succèdent les  maisons Tacconi et Becadelli. A l'est, on peut observer le palais renaissance Isolani édifié par le florentin Pali di Lapo Portiginai. En continuant la rue on trouve des palais plus tardifs comme  Vizzani, Zani, Ghiselli Vazelli Enfin, au bout de la rue, Santa Maria del Baraccano, affiche l’un des plus beaux portiques de la ville, de l'époque des Bentivoglio.


La Strada Maggiore, qui suit une grande partie de Via Aemilia, possède elle aussi de très nombreux palazzi et portiques monumentaux, comme celui de Santa Maria dei Servi. Commencé au milieu du XIVe sur un dessin d'Antonio di Vincenzo, le portique présente une succession d'amples voûtes d'arrêtes reposant sur de fluettes colonnes de marbre baguées  à mi- fût. L'intérieur de l'église est d’un gothique tardif. Face au portique, se trouve également le Palazzo Davia Bargellini, bâti d’après un dessin de Bartolomeo Provaglia au milieu du XVIIe siècle. On le surnomme le « palais des géants ». Les deux atlantes monumentaux qui gardent l’entrée et l’absence de portique témoignent de la puissance de son propriétaire.



En passant par la Piazzetta dei Carabinieri et la via San Vitale, nos pas nous mènent à la Piazza Verdi, coeur de la ville universitaire actuelle et lieu du théâtre, élevé en 1764, sur un projet de Bibiena. Il a été construit à la place de l'ancien palais des Bentivoglio, détruit par la population en 1507. N’en subsistent que les écuries et quelques ruines enfouies sous le jardin Guasto. Décoré par Francesco Francia et Lorenzo Costa, il aurait compté environ 250 pièces et se serait inspiré du palais des drapiers Strazzaroli Piazza Ravagnena, actuelle librairie Feltrinelli.
La place et la rue Zamboni bordées de palais demeurent quant à elles. Monumentalisant le parcours de la place principale à la Domus Aurea, la rue se compose notamment des palais Poggi et Magnani. Autrefois sièges de résidences aristocratiques et d'édifices religieux. L'oratoire de Santa Cecilia et ses fresques de Francesco Francia, Lorenzo Costa, Amico Aspertini du début du XVIe siècle rappellent cette période de la renaissance Bolonaise. Le portique et l'église S. Giacomo Maggiore imaginés fin XVe comme un parcours cérémoniel jusqu'à la demeure des Bentivoglio. Construite entre 1267 et 1343, elle se compose d'une nef unique. Les Bentivoglio y sont représentés au sommet de leur gloire dans le tableau de Lorenzo Costa (1488), avec Giovanni II,  sa femme Ginevra Sforza, leurs 4 fils et 7 filles.


Jeudi 18 mai, Ferrare

L’hégémonie des Estense

          Plus petite que Bologne par sa taille, sa voisine Ferrare est plus calme et le vélo y règne en maître. Sur la plaine du Pô, elle garde l'empreinte de ses grands maîtres médiévaux, les Este, qui l'ont dominée des  XIIIe au XVIe siècle.  Les plus importants sont Nicolo III, Borso puis Ercole (fin XVe, début XVIe). La période de la renaissance marque l'apogée de la ville avec l'ouverture d'une université, d'une école de peinture, le développement littéraire, des arts et de l'architecture. La cité décline progressivement à partir de la fin du XVIe, avec l'ensablement du Pô et les fièvres engendrées par les marécages. Les Este déménagent à Modène abandonnant la ville qui tombe en léthargie. Au XXe siècle, surviennent de nombreux soulèvements ouvriers, puis s’installe un terrain propice au fascisme comme à la résistance. La ville subit de nombreux bombardements durant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi un terrible tremblement de terre en 2012, cause de nombreuses destructions.


La forme actuelle de la ville date du XVIe siècle. On la doit à la volonté d'un homme: Ercole primo d'Este, époux de la fille du roi de Naples (Eléonore d'Aragon). C'est la première cité moderne d'Europe selon l'historien suisse Putark, avec un plan régulier, qui dessine la ville dans ses murailles (9km), sur un petit noyau médiéval. C’est à Rosetti que l’on doit le projet urbain. Il fait abattre les anciennes fortifications, créer un nouveau cours qui part du château, imposant une même hauteur à tous les palais. Il lie la ville moderne et la ville ancienne avec de nouvelles rues (Rossetti, Giovecca et Ercole primo). Sur le cours Ercole primo, les angles des palazzi renaissances sont décorés pour arriver au très beau carrefour renaissance, avec le Palais des Diamants qui appartenait au frère du duc d'Este. Sa construction nécessita 8500 blocs de pierre. Le diamant, symbole de force et de pureté, était le symbole d'Ercole primo. L'illusion d'optique créée et la vibration de la lumière sont accentuées par l'orientation des pointes, tournées vers le bas dans la partie inférieure, centrées au milieu et tournées vers le haut dans la partie supérieure. D'autres palais avec jardins et parcs mènent jusqu’à la chartreuse. Les Este conçurent également la place Ariostea pensée comme le nouveau forum de la cité. Inachevée, cette place accueille tout de même chaque année le palio de Ferrare.


Le château Estense devient palais ducal en 1496. Il fut construit un siècle plus tôt par Nicolo II, dans une période de crise, pour se protéger de son propre peuple !


Un passage est aménagé entre le palazzo communal et le château. Vers 1500,  Alfonso primo le transforme en un lieu luxueux, et faisant appel aux meilleurs peintres de son temps, comme Titien, Bellini... Alfonso va épouser en secondes noces Lucrezia Borgia, avec qui il aura 6 enfants. En 1598 après la mort d’Alfonso II qui ne laisse pas d’héritier, la ville tombe sous l’autorité papale.
On retrouve les Este sur la place principale : devant le Palazzo Comunale, le marquis Nicolo III d'Este (1451) est représenté à cheval (tel un empereur romain), conquérant de l'indépendance de la ville. Le Palazzo Comunale a presque entièrement été reconstruit au XIXe siècle en reprenant le style médiéval. L'escalier extérieur est quant à lui d'origine. Il fut construit  en 1481.

Une cité médiévale

Initialement, le coeur de la ville était plutôt vers l'ancien port. La partie la plus ancienne de la ville est au sud du château, proche du duomo San Giorgio qui date du XIe siècle.
Durant cette période, le Pô traversait encore Ferrare, avant d'être dévié à 7km pour éviter les inondations. La Via delle Volte longeait alors le fleuve aux XIIIe et XIVe, période de développement de la ville. Cette rue était une voie de service pour arriver aux hôtels particuliers. La construction du duomo fit basculer le centre où il est aujourd'hui. 
Au XIIe siècle on construit la rue en arcades San Romano, pour aller du fleuve au duomo (pèlerins). La façade du duomo témoigne de ce double titre noble et politique des Este, superposant une rangée d’arcades romanes (architecture de Rome) en pleins cintres à une rangée d’arcades gothiques en ogives (architecture de l’empire). On y retrouve également l'influence française avec l'iconographie du Jugement dernier,  avec à droite l'enfer et à gauche le paradis. L'intérieur actuel est du XVIe siècle et reprend la forme traditionnelle romane, avec une grande nef et des collatéraux.  Le campanile de pure style renaissance a été partiellement détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a été conçu d'après un dessin d'Albertini en 1442, alors qu'il venait de restructurer Rome. L'influence du grandiose, de l'antiquité est palpable avec un jeu d'appareillage en bichromie.




Vendredi 19 mai, Les Carrache

La ville du Pape

« On donne à Bologne l'épithète de grasse, parce qu'elle est située dans un pays extrêmement fertile, aussi bien cultivé que les Etats du Grand-Duc. Elle est après Rome la plus grande, la plus peuplée et la plus considérable de tout l’État ecclésiastique. » J.-B. Labat, 1706

          En 1506, l'armée de Jules II, allié à Louis XII, assiège la ville et la reprend. La famille Bentivoglio est remplacée en 1506 par une oligarchie composée d'un légat du pape et de 50 membres issus de la noblesse.  Cette stabilité et cette indépendance favorisent le développement des arts du XVIe au XVIIIe siècle. De nouvelles installations urbaines et les activités économiques liées au tissu vont changer le visage  de la ville: la place principale est réorganisée, les palais de style classique se multiplient et les premiers quartiers populaires se développent autour des nombreux canaux. Une centaine de moulins sont en activité au XVIIe siècle, et le commerce du tissu fait vivre un tiers de la population.
A partir du XVIe siècle Bologne devient la capitale de la partie septentrionale des Etats pontificaux et est ainsi marquée par le pouvoir de l’Église, en pleine restructuration (Concile de Trente 1545-1563, dont une partie se déroule à S. Petronio). Cette réforme, qui marque un retour au catholicisme et l'influence que l'église devait exercer sur la culture et la société, entraîne à Bologne :
- la construction d'une nouvelle université : l'Archiginnasio
- la réorganisation de la place principale
- des changements en architecture et en peinture
Cette politique de rationalisation et de centralisation est particulièrement mise en oeuvre par le légat pontifical Carlo Borromeo et le vice-légat Pier Donato Cesi au milieu du XVIe siècle.   
L'Archiginnasio est construit en 1503. 1er siège stable de l'Université, il réunit différentes écoles : celles des légistes et celles des artistes (philosophie, médecine, mathématiques, sciences physiques et naturelles). L’édifice dessiné par Antonio Morandi prit le nom que l'on donnait aux universités : « Archiginnasio ». Il est composé d'un long portique de 139m et d'une cour centrale à deux niveaux. Les 2 escaliers menaient à 10 salles de classes, 2 amphithéâtres, une pour les artistes (actuelle salle de lecture de la bibliothèque) et l'autre pour les légistes (Stabat Mater) et un théâtre d'anatomie construit en 1637 par Antonio Levanti. Le palais est couvert de décors, inscriptions et monuments commémoratifs des grands maîtres de l'Université, entourés des écussons d'étudiants de la fin XVIe jusqu'au XVIIIe.


« L'institut seul suffirait à honorer la capitale d'un Etat. C'est un palais  qui renferme tout ce qui concerne les sciences et les arts, astronomie, physique, anatomie, peinture, sculpture, bibliothèque, etc., rien n'y est oublié en leçons et modèles. » Ch. Duclos, 1767

Cette construction marque le début d’un plan de réaménagement du centre historique dans les années 1560. On aménage la place Galvani devant l'Archiginnasio, on construit le portique Pavaglione et l’Ospedale delle Morte (l'hôpital de la Compagnie de la Mort), devenu aujourd’hui le siège du musée archéologique. La place de Neptune, sur laquelle est érigée la fontaine de marbre et de bronze représentant le dieu des mers surplombant la ville. Elle représente le pouvoir papal dominant le monde et fut construite par Giambologna d'après des dessins de Tomaso Laureti.

« () Cela ranime, et l'on va jusqu'à une fontaine qu'on découvre sur la gauche. Ici la Renaissance et le paganisme atteignent leur extrême.  Au sommet est un superbe Neptune de bronze par Jean Boulogne, non pas un dieu antique, calme et digne d'être adoré, mais un dieu mythologique qui sert à l'ornement, qui est nu et qui étale ses muscles. Aux quatre coins du bassin, quatre enfants, joyeux et dodus, empoignent des dauphins qui frétillent ; sous les pieds du dieu, quatre femmes à jambes de poissons déploient la magnifique nudité de leurs corps cambrés,  la sensualité fraîche de leurs têtes hardies, et pressent à pleines mains leur sein gonflé pour en faire jaillir l'eau. » H. Taine, 1865

Le portail monumental sur le Palazzo Comunale est construit à la même période. On peut y voir la statue du Pape Grégoire XIII, originaire de Bologne, accompagnée de la mention « Divus Petronius, Protector et Pater » qui le place en nouveau saint patron de la ville. On édifie le palazzo dei Banchi, qui présente une longue façade constituée de portiques ouvrant vers le Mercato di Mezzo. Son architecture s’inspire du modèle de l’arc de triomphe romain. Elle reprend aussi, de manière
plus sévère, l’architecture du Palazzo del Podestà.




Pour compléter l’ensemble, une statue de Jules II par Michelangelo s'élevait sur le portail de San Petronio. Réalisée avec le bronze de la cloche du Palais de Bentivogio. Elle fut refondue lors du bref retour au pouvoir des Bentivoglio pour faire une bombarde nommée « la Giulia ».

L'école des Carrache

« Je descends de cheval () Je viens de S. Michele in Bosco. C'est un couvent situé dans une situation pittoresque, comme tous ceux d'Italie ; ce vaste édifice couronne la plus jolie des collines, couvertes de bois, auxquelles Bologne est adossée ; c'est un promontoire ombragé de grands arbres qui avancent sur la plaine.  () Au nord nous avons devant les longues lignes des montagnes de Padoue, couronnées par les sommets escarpés des Alpes de la Suisse et du Tyrol.  Au couchant, l'immense océan de l'horizon n'est interrompu que par les tours de Modène ; à l'est, l'oeil se perd dans des plaines sans bornes : elles ne sont terminées que par la mer Adriatique qu'on aperçoit les beaux jours d'été, au lever du soleil ; Au midi, autour du nous, sur les collines qui s'avancent sur le front de l'Apennin ; Leurs sommets, couverts de bouquets de bois, d'églises, de villas, de palais, déploient la magnificence des beautés de la nature secondées par ce que les arts d'Italie ont de plus entraînant. Le bleu foncé de l'atmosphère n'était alterné que par quelques légers nuages d'une éclatante blancheur, que tout à fait à la ligne de l'horizon. » Stendhal, 1er mai 1817

          En ce lieu cher à Stendhal s'élève une très ancienne église, dont la forme actuelle date des XVe, XVIe siècle. De complexe religieux de l'ordre des Olivetani, elle devint prison, villa du légat papal, résidence du roi d'Italie, et enfin siège d'un hôpital orthopédique adjacent à l'église. L’intérieur de l'église est composé de deux niveaux. L’un pour les fidèles, l’autre réservé aux moines. Sacristie, chapelle et nef sont ornées de fresques baroques des XVIe et XVIIe siècle. Cet imposant dispositif abrite en son sein un charmant petit cloître octogonal, auquel on accède par l'ancien couvent. Il est décoré de fresques signées Ludovico Carrache et son école.
Les Carrache fondent leur Accademia degli Incamminati dans les années 1590 à Bologne. Leur école de peinture prône un retour aux sources de l'antique, l'observation de la réalité et la copie des grands maîtres de la renaissance. Contemporains du Caravage leur peinture est empreinte de dévotion. Première vraie corporation de peintres, ils réforment l'art italien : entre nature et idée, entre doctrine catholique et humanisme, les frères Carrache et leur cousin interprètent la proposition de refonte de la peinture religieuse de la contre-réforme. Avec leurs élèves (Guido Reni, Le Dominiquin, Massari, le Guerchin, etc.) Ils parviennent dans leur peinture à associé  la dimension du sacré au réalisme. Les fresques du palais Fava et celle du palais Magnani marquent leur apogée.



« La force de caractère chez les Carrache fut presque égale à leur talent. () Vous voyez toute l'étendue de la violence qu'osèrent faire à leur siècle Louis Carrache et ses deux cousins, l'immortel Annibale et Augustin. Or, ils n'avaient pour vivre que le produit de leurs pinceaux. Plusieurs fois ils furent sur le point d'abandonner le genre naturel et simple, pour flatter l'affectation à la mode. () N'aimant au monde que leur art, ils gagnèrent l'équivalent de 1500 francs à 2000 francs, et moururent pauvres, en cela bien différent de leurs illustres successeurs. Mais on parle d'eux deux siècles après leur mort, et quelques êtres romanesques regardent quelquefois leurs tableaux la larme à l'oeil. » Stendhal, 1826


Samedi 20 mai, Les temps modernes

L'influence française

            Suite à la Révolution française, un vent de révolte souffle sur la ville et plus particulièrement en Italie du Nord. Les étudiants Zamboni et de Rolandis s'insurgent contre le pouvoir papal, mais sont rapidement arrêtés. En avril 1796, Napoléon arrive à Bologne, remet en cause l'oligarchie et confie le pouvoir à la bourgeoisie. La ville devient la capitale de la République Cispadane, dont le siège est établi au Palazzo Communale, actuel hôtel de ville. De nouvelles constructions pour le peuple sont mises en place : le cimetière de la chartreuse, des promenades autour de l’enceinte de la ville, l'Université est transférée et restructurée. Le quartier du nord-est devient le siège culturel et scientifique de la ville avec l'installation de la Pinacothèque, de l'Académie des Beaux-Arts, du lycée de musique et du jardin botanique.
La première moitié du XIXe siècle est marquée par une instabilité politique pour la ville : la République Cisalpine devient la République italienne puis le Royaume d'Italie après la proclamation de Napoléon empereur. Suite à une révolution modérée, les autrichiens détiennent la ville pendant presque un an. Puis, suite à la Seconde Guerre d'Indépendance de l'Italie, Bologne n'est plus sous contrôle papal. Enfin, elle adhère au Royaume d'Italie, qui ne deviendra République qu'après la Seconde Guerre mondiale. Du milieu du XIXe à l'aube de la Grande Guerre, de nombreux chantiers vont changer le visage urbain : le chemin de fer, les jardins à la française de la Montagnola et de Margherita, les aqueducs, la centrale électrique ou encore les quartiers ouvriers (par exemple la via del Pratello à l'ouest de la ville). Vers 1850, les constructions débordent des murs d’enceinte qui seront d’ailleurs abattus. En coeur de ville, une nouvelle perspective sur les deux tours est créée avec la via Rizzoli. De nombreux grands axes de circulation sont percés, comme la Via dell'Indipendenza, qui relie la gare au centre-ville. On y trouve des palais de style Liberty, comme de nouvelles résidences bourgeoises au sud, au pied de la colline.


Sur la Piazza Maggiore, hôtel de ville, musées et bibliothèque Salaborsa prennent place dans le Palazzo Comunale. La bibliothèque s'installe sur les vestiges de l'antique basilique.


 La salle couverte prend place sur un ancien jardin botanique, qui devint d'abord salle de la Bourse (d'où son nom), puis banque, siège de diverses administrations, gymnase et même théâtre de Buratini. Ce spectacle populaire de marionnettes s'inspire de la Comedia dell'arte, interdite suite à la Révolution françaises dans les territoires italiens occupés, car relatifs à l'ancien régime. Les burattini sont manipulés par le bas par des burratinai. On crée de nouveaux personnages plus populaires, d'aspect grotesque mais qui n’en ont pas moins d’esprit, une pensée pragmatique et un sens de la justice. Pour n’en citer qu’un, Fagiolino Fanfani, le cousin italien de notre Guignol français. Ce personnage rêve de bonnes tagliatelles et de justice pour tous. Il symbolise la force simple du petit face au grand, celle du prolétariat face aux puissants.

Le Grand Tour

          Les guerres d'Italie font naître une fascination pour l'Italie. Les voyages d'aristocrates et d'artistes vont se multiplier aux XVIIIe et XIXe siècles. Ce périple entraine la jeunesse aristocratique dans un long voyage à travers la France et l’Italie. Allant de villes en villes ils rencontrent les grands maîtres italiens, découvrent l’architecture antique des romains et parcourent les campagnes de Toscane. De ce voyage initiatique né au XVIIe un gout prononcé pour le pittoresque,   qui annonce déjà le romantisme du XIXe. Bologne n'est pas une étape obligatoire, mais beaucoup d'artistes s'y arrêtent. Le circuit traditionnel suit la traversée des Alpes, passe par Turin, Milan, Gênes, Venise, Florence, Rome, Naples et Pompéi. La notion même de « tourisme » émerge progressivement, avec les guides. Le mot provient de l'anglais « tourist » et définit dès 1818 « une classe particulière de voyageurs, qui ne poursuit pas d'objectifs précis mais voyage uniquement pour pouvoir ensuite faire le récit de son périple ». La peinture en « plein air » se développe et permet aux peintres de nourrir leurs travaux d’atelier d’éléments pris sur le vif. Le gout de cette Italie pittoresque empreinte de nostalgie s’essouffle à la fin du XIXe siècle. Les crises sociales, la naissance de grandes villes portée par une industrie en plein essor vont d’avantage inspirer les artistes notamment à travers la photographie.



Le XXe siècle

          Le socialisme s'est très fortement développé à Bologne dès la fin du XIXe siècle, au moment de la révolution industrielle.  A l'aube de la Première Guerre mondiale, en1914, Zanardi devient le premier maire socialiste, non sans remous. En effet, Bologne est autant une ville « rouge » qu'une ville « noire » : dès 1919 la ville devient fasciste. Toutefois la résistance antifasciste ne cessera jamais. Dans les années 20-30, de nombreuses constructions fascistes sont édifiés comme le stade ou des quartiers d'habitations. La ville passe sous domination fasciste pendant l'entre-deux guerres puis résiste à l'occupation allemande en 44.  Elle paye un lourd tribut pendant la Seconde Guerre. La ville subit de lourds dommages dus aux bombardements alliés.
C'est la gauche qui gouverne la ville depuis la fin de la guerre. Devenue capitale de la nouvelle région « Emilia Romagna » en 1947, Bologne connaît depuis un développement démographique et économique majeur. L'urbanisme est rationalisé avec la mise en place de zones très distinctes : les industries et le tertiaire au nord-est, un centre historique restauré et des collines préservées au sud. 

Bologne est aujourd’hui une ville dynamique très peuplée, et un pôle économique international notamment au niveau des pièces mécaniques. Etudiante et accueillante, elle est toujours à l'avant-garde culturelle et artistique et continue d’être la capitale de la gastronomie italienne.



Deux ou trois choses qu’il faut savoir... pour mieux dessiner l’architecture

                                                           A propos du trait

Le dessin résulte de l’association heureuse de l’oeil et de la main nous entraînant dans un cercle vertueux ; Regarder  pour mieux dessiner, et dessiner pour mieux regarder. Il est donc essentiel de développer dans un même temps l’acuité de notre regard, et l’agilité de notre main. Dans cette perspective, je vous invite à pratiquer le dessin pour le seul plaisir du geste. En construisant de grandes compositions à partir de lignes soignées, et sans modèle, vous vous concentrerez exclusivement sur la qualité de votre tracé.


Le manuel d’André Scobeltzine, « apprendre à dessiner », pourra vous aider à avancer dans ce sens.

A propos de la perspective

La perspective est un procédé de dessin qu’il est important de comprendre, afin d’éviter certains pièges que nous tend notre cerveau.

Il faut ainsi savoir que toutes les lignes horizontales d’un plan que nous observons (ou de plusieurs plans parallèles), vont converger vers un même point de fuite se situant sur une ligne imaginaire se trouvant à hauteur de notre regard. Nous appellerons ces lignes les lignes de fuite. Plus nous serons proche du plan que nous observons et plus l’angle des lignes de fuite sera prononcé.


Par exemple, la ligne horizontale (dans l’espace) de la corniche d’un immeuble dont nous sommes très proches pourra nous apparaitre verticale lorsque nous levons les yeux pour l’observer. Il est important d’intégrer que la perception que nous avons de notre environnement va changer en fonction de notre position dans l’espace.

Habituellement, la perspective se construit à partir d’un ou deux points de fuite. Notre cône de vision a une ouverture d’angle d’environ 40°. Si comme en photographie nous voulons travailler sur un grand angle, il nous faut tourner la tête dans un sens ou dans l’autre... Nous allons ainsi travailler avec trois points de fuite. Un au centre, un à gauche et un à droite.
Faites l’expérience. Placez-vous sous une arcade. Si vous tournez la tête vers la gauche, vous aller voir les lignes horizontales filer vers un point se trouvant sur votre gauche. Il se produira la même chose quand vous regarderez sur votre droite. Le dessin à trois points de fuite revient à construire sur un même dessin ce que l’on voit en tournant la tête dans un sens et dans l’autre.
Si à présent nous souhaitons aussi dessiner ce qui se trouve sous nos pieds et au-dessus de nos têtes, il nous faut effectuer un mouvement de tête de haut en bas. Ce qui, par conséquence, nous donnera deux points de fuite supplémentaires vers lesquels fuiront cette fois-ci les lignes verticales... Nous travaillons désormais une perspective curviligne. Notre dessin s’inscrit dans une sphère à cinq points de fuite.
Cette approche théorique du dessin en perspective peut être laissée de côté. Mieux vaut aborder le sujet de façon plus intuitive. Par l’observation, apprenons à lire dans les lignes de l’architecture.



A propos des personnages

Une ville sans passants est une ville fantôme. Il est donc important d’animer les rues de vos croquis. Ne vous attardez pas sur les détails. Seule compte la silhouette : Une tête posée sur des épaules et une paire de jambes... le tour est joué.

Reste ensuite à savoir comment placer nos silhouettes par rapport aux édifices. Nous allons nous intéresser à trois cas de figure. Pour ces exemples, nous admettons que le sol est plat et que tous les passants font notre taille.

Lorsque vous dessinez assis, votre regard est environ à un mètre du sol, approximativement à hauteur du nombril des passants. Tous les nombrils vont donc s’aligner sur votre ligne d’horizon.

Si vous dessinez debout, votre regard est au niveau de celui des passants. Toutes les têtes vont donc s’aligner sur votre ligne d’horizon.

Si à présent vous dessinez allongés... votre regard est à hauteur des pieds des passants. Tous les pieds s’alignent alors sur votre ligne d’horizon.




Pour aller plus loin

Dessins et peintures

Représentation des Bentivoglio, Ercole di Roberti, 1476 et Lorenzo Costa, 1488 (chapelle Bentivoglio)
Représentation de Borso d'Este, Palazzo Schifanoia, Ferrare
Sainte Cécile de Raphaël, 1514-15
Saint Dominique de Guido Reni, 1613
Dessins des Carraches, Di Bologna, l'arte per via 1660 et peintures de Vestiari, Usi, Costumi, 1796
Gli incanti di medea, Carracci, Palazzo fava 1584
Dessins et peintures de Basoli, XIXe s

Le Grand Tour

«Voir l'Italie et Mourir », catalogue exposition Orsay 2009, «Italies. Anthologie des voyageurs français aux XVIIIe et XIXe siècles », Y. Hersant, 1998,
«Dictionnaire amoureux de l'Italie », Fernandez et Ferranti, 1996

Bologne

 « Bologna, 900 », Diritti, 2016, Guide vert italien sur Bologne, site touristique http://www.bolognawelcome.com/, anciens guides d'Italie, Museo della Storia di Bologna

Architecture

« Le langage classique de l’architecture », john summerson
« Apprendre à voir l’architecture », Bruno Zevi, 1959































Miléna Secher & Jérémy Soheylian

2017­