lundi 14 septembre 2015

Dessiner - Expérience n°5

UNE FENÊTRE SUR LE PAYSAGE

Je reviens d'un stage dans les rues de Lyon. Il est toujours aussi agréable de se promener dans les rues du vieux Lyon, à condition de sortir des sentiers battus... loin des glaciers et "authentiques" bouchons lyonnais.
Le soleil n'était pas de la partie, et nous avons fait contre mauvaise fortune bon cœur. Notre session s'est terminée dans la montée des carmes déchaussées. L'objectif de ce dernier exercice était de traiter  le paysage depuis cette montée d'escalier assez resserrée.

1- nous commençons par tracer les différentes masses qui composent le paysage, en nous inscrivant dans un cadrage vertical; celui qui nous est proposé par la configuration même du lieu. Nous traitons les blocs d'immeubles par leurs contours. Ce mode de représentation nous permet de mettre rapidement en place les plans successifs.
2- Nous pouvons ensuite donner quelques informations sur les immeubles des premiers plans.  Les derniers plans peuvent être limités à leurs seules silhouettes. Les personnages donnent de la profondeur au croquis, et animent la rue.
3- Nous pouvons ensuite peindre le ciel. Deux couleurs nous suffirons pour traiter notre croquis. Ici, un bleu outremer français(Winsor et newton), et une teinte sépia (Scmincke). Avec un pinceau type martre Kolinsky N6, nous traitons le ciel en bleu d'abord, puis nous intégrons progressivement le sépia. Nous tirons notre lavis sur les immeubles situés dans le lointain.
4- Nous laissons sécher, puis peignons les immeubles des plans reculés, du haut vers le bas, avec une association de bleu et de sépia. Nous en profitons pour tirer notre lavis sépia sur les toitures des immeubles du second plan.
5- Le soleil étant sur notre droite, nous allons ombrer les façades et toitures du second plan, avec une association très diluée de bleu et de sépia. Nous lavons, dans un même mouvement les immeubles de l'arrière plan. Cette superposition progressive des glacis nous permet d'assurer la continuité d'un plan à l'autre.
6- Nous marquons ensuite les ombres fortes du premier plan.
7- Puis l'ombre portée de l'immeuble de droite sur les façades situées à notre gauche. Nous traitons également les ombres des débords de toitures et corniches des façades placées dans la lumière.
8- Pour finir, nous lavons, avec un jus sépia très dilué, certains pans de murs afin d'éteindre légèrement l’excédant de blanc. Nous pouvons revenir sur certains plans trop clairs, afin de les bien détacher les uns des autres. Dans ma proposition, je force le plan du fond pour mettre  en lumière la façade blanche de gauche.

lundi 25 mai 2015

La Bourgogne Romane


De retour d'un stage de dessin d'une semaine sur les routes du pays Auxois-Morvan. Nous avons visité les villes D'autun, Saulieu, Semur en Auxois,Epoisse, Moutiers-saint-jean, Avallon et Vezelay. Les dessins que je présente dans cet article ont été réalisé en démonstration pendant le stage.

Nous avons dessiné la basilique st Andoche de Saulieu. L'édifice est du début du 12 ème siècle. Nous nous sommes principalement intéressés à la remarquable série de chapiteaux historiés de la nef, ainsi qu'aux stalles datant de la fin du 14 ème siècle.
L'église enserrée dans le tissu urbain présente deux belles tours s'élevant au dessus du Narthex.

la basilique vue depuis son chevet

détail d'un chapiteau de la nef
détail des stalles
détail des stalles
La cathédrale Saint-Lazare d'Autun est l'un des grands chef-d’œuvres du 12 ème siècle. Nous avons dessiné la partie restante du linteau de la tentation d'Eve exposée au musée Rolin avant de nous attaquer aux chapiteaux déposés lors de la campagne de restauration menée au 19 ème par Viollet-le-duc, et conservés depuis dans la salle capitulaire.

Autun
sous le porche de la cathédrale
détail de chapiteau: la fuite en Egypte
détail de chapiteau: l'avarice
Le remarquable tympan attribué sans certitude, au même titre que la plupart des sculptures de l'édifice, au sculpteur Gislebertus, n'a pas manqué de nous émerveillé. Nous reviendrons le dessiner.

Après un passage par Autun, l'église saint Lazare d'Avallon risque de décevoir. La ville en revanche est des plus charmantes. Le centre ville est une heureuse association d'hôtels 16ème, 17ème, 18 ème, de maisons à pans de bois... Voici quelques dessins réalisés depuis le parvis de l'église.




un dernier croquis associant classicisme et moyen-âge

Le parc du château d'Epoisse est peut être l'un des plus charmants de la région. Peut être le doit-on à son colombier et son hameau cloisonnés dans l'enceinte du château.

le hameau, avec la tour surplombant la porte d’accès au château
Vézelay est un éternel éblouissement. La basilique domine la colline et les campagnes environnantes avec majesté. Une fois encore, le dessin nous a rapidement conduit vers les chapiteaux de la nef, avant que le soleil ne nous invite à nous aventurer dans les rues de la ville.




détail de chapiteau
une rue de Vézelay

Nous finissons notre périple à Moutiers-saint-jean ou nous visitons le palais abbatial édifié au 18 ème d'après les plans de Claude-Louis D'aviler. Cet édifice, comme tant d'autres en France, ne doit son salut qu'à l'engagement si passionné de ses propriétaires.

détail de façade









jeudi 26 mars 2015

Dessiner - Expérience n°4

DESSINER LE PAYSAGE

Apprendre à dessiner le paysage, c’est d’abord apprendre à le lire. Le dessin est une expression par le trait de ce que l’on perçoit de notre environnement. Il peut être un espace de liberté prodigieux pour celui qui parvient à se détacher du désir si angoissant de produire un chef-d’œuvre. Le dessin devient alors prétexte à la flânerie, à la découverte et à la compréhension de notre environnement. C’est dans cette perspective que je vous propose d’aborder le dessin de paysage.

les recettes du paysage

Nous allons essayer de comprendre les « recettes » de la représentation du paysage à travers l’étude d’œuvres de maîtres. Il ne s’agit pas de copier un dessin, mais de distinguer les partis adoptés par l’artiste dans son interprétation du paysage. Je choisis pour les expériences qui suivent d’étudier une aquarelle de William Callow.



Etude de formes : Vous allez essayer de traduire une œuvre de maître de façon schématique à partir de formes géométriques simples telles que le carré et le rectangle. Cette interprétation abstraite nous permet de distinguer les différents acteurs du tableau, et donc de mettre en exergue les moments importants du paysage qui seront par la suite plus ou moins détaillés.



Etude de lignes : Nous pouvons résumer ce même tableau d’une toute autre façon. Nous pouvons distinguer des formes, comme nous venons de le voir, ou lire le paysage à travers des lignes de contours. La ligne la plus évidente étant la ligne qui se découpe sur l’horizon, celle qui lie ciel et terre. C’est avec la citation de cette ligne que nous introduirons notre évocation du paysage. Une fois encore, essayez de simplifier votre discours. Il ne s’agit pas pour le moment d’être descriptif, mais d’esquisser les contours de votre propos.


Associer formes et contours : Dans notre évocation du paysage, nous essayerons d’associer les deux approches précédentes. Faites l’expérience en commençant par traiter le sujet du premier plan. Résumez-le à sa ligne de contour. Venez ensuite traiter le second plan toujours par les contours. Nous avons ainsi défini quatre zones. Celle du premier plan, qui constitue le sujet principal du tableau. Celle de l’arrière-plan décrit le paysage lointain. Enfin, celles du ciel et du lac. C’est après avoir esquissé ces grandes lignes que je peux commencer à regarder les détails.


Recadrer : Callow a choisi de déporter la tour à droite de sa composition. C’est une possibilité parmi tant d’autres. Il est important, avant de commencer le dessin, de réfléchir à la façon  de mettre en scène les éléments du paysage. Vous pouvez vous amuser à raconter de différentes façons un même sujet en jouant, comme ci-dessous, sur la forme du cadre et la position de votre sujet dans ce dernier.





vendredi 6 février 2015

Dessiner - Expérience n°3

DESSINER D’APRÈS LES MAÎTRES

1- Dessiner "à la manière de"
Observer et recopier les dessins d'un artiste en essayant de comprendre sa manière de tracer, en décryptant ses codes de représentation. Etre capable ensuite de traiter un sujet en réemployant les recettes de tel ou tel artiste.
Pour commencer, observez des dessins tracés à la ligne claire. Par exemple, les dessins de Sempé ou Hergé. Recopiez les. Cela vous aidera à comprendre comment Hergé, à partir d'une ligne, parvient à dessiner une main, un visage, un mouvement... De quelle façon Sempé, en quelques traits, sait rendre ses personnages expressifs et tellement vivants.
J'ai pour ma part fait l'exercice à partir de figures peintes sur des céramiques grecques.Une belle démonstration de ce qui peut être fait à la ligne claire. J'ai ensuite essayé de comprendre le travail de bichromie. Les figures claires se détachent sur un fond brun (céramique à figures rouges). J'ai appris, à travers cet exercice, à dessiner l’œil, le visage de profil, la silhouette, à la manière des peintres grecs.



Après avoir copié plusieurs de ces figures, j'ai essayé d'appliquer les mêmes recettes à un tableau de Prud'hon. Je me suis concentré sur la silhouette. Le modelé n'est pas traité. Une ligne suffit pour construire le profil. Un œil et une bouche viennent ensuite habiller le visage. Ci dessous, la version de Prud'hon suivie de deux interprétations à la manière des peintres grecs.




Je me suis ensuite amusé à recopier quelques esquisses de Tiepolo. J'admire le dessin de cet artiste. Son tracé est d'une grande délicatesse. Expressif et dynamique il atteste d'une grande virtuosité. Après avoir noté ses gestes j'ai tenté de faire le portrait d'un ami à la manière de l'artiste. Le résultat me semble éloigné de la manière de Tiepolo, pour la simple raison que n'est pas Tiepolo qui le veut. En revanche, en prenant le temps de le copier, j'ai commencé à comprendre sa façon de raconter le regard, le drapé, la chevelure... J'avance dans mon expérience du dessin.



2- dessiner d'après les maîtres.
Promenez vous dans les galeries d'un musée. Observez quelques peintures puis essayez de les dessiner à votre façon. A travers cet exercice, vous allez essayer de comprendre les multiples façons de composer, de cadrer, de mettre en scène un dessin.
J'ai pris le temps de dessiner plusieurs représentations d'arbres au musée des beaux arts de Lyon. J'ai essayé de comprendre les formes, les rythmes, les plans, la composition, le cadrage...




J'ai ensuite inventé un paysage de campagne inspiré de ce que j'avais vu au musée.



Le musée nous propose un cadre confortable en hiver, propice à l'étude du dessin. Profitez de ce patrimoine exceptionnel pour ensuite faire l'expérience de ce que vous y aurez appris en extérieur, au retour des beaux jours.




jeudi 29 janvier 2015

Dessiner - Expérience n°2

LES INGRÉDIENTS DU PAYSAGE

Le paysage, accidenté, se dessine dans une superposition de plans, et une accumulation d’éléments : végétaux, nuages, montagnes, villages... Il s’agit d’organiser ce désordre sans que cela n’y paraisse.


Commençons par quelques variations autour du trait. La nature ne connait pas la ligne droite, exceptée la ligne d'horizon. Une ligne sensible et morcelé nous permettra de traduire les divers éléments qui habitent le paysage. Notre écriture ne sera pas la même pour dessiner un arbre, un rocher ou un nuage.  

Ligne de frondaison : Exercez-vous, avec une ligne continue et morcelée, à suggérer la masse végétale. Plus le sujet est éloigné, et moins son contour est ciselé. Proposez plusieurs tracés en jouant sur les échelles.





contours nuageux : Le geste est similaire à celui adopté pour la végétation. Avant de penser à travailler la forme des nuages, contentez-vous d’une ligne de quelques centimètres évoquant les contours cotonneux de ces derniers. Essayez ensuite, avec cette même ligne de mettre en forme vos nuages. Tracez lentement. Cela aura pour effet de vous faire trembler votre main et vos nuages n'en seront que plus cotonneux.




collines et montagnes: Le végétal occupe les premiers plans du paysage. Il n'est pas rare de distinguer dans le lointain quelques lignes de crêtes de collines et de montagnes. Amusez-vous à tracer plusieurs lignes de crêtes, avec un tracé continu, en jouant sur les formes et les hauteurs.




Composer un paysage: Essayez à présent d'associer ces éléments dans une même vignette. Détaillez votre premier plan. Soyez de plus en plus suggestifs au fur et à mesure que vous avancez dans le paysage.



Hachure : La maîtrise de la ligne permet un dessin concis. La hachure va nous permettre d’enrichir notre tracé: ombre et lumière, traduire l’éloignement, détacher les masses… Essayez de suggérer la masse végétale d’un arbre uniquement par la hachure. « Sculptez » la forme en taillant progressivement dans le blanc du papier.  












jeudi 22 janvier 2015

Dessiner - Expérience n°1

HACHURER

La hachure est un outil qu'il est utile de maîtriser. Nous allons y recourir fréquemment en l'appliquant de diverses façons. Une hachure soignée apporte beaucoup de valeur à un dessin. A l'inverse, une hachure négligée peut vite porter préjudice à un bon croquis.
Voici quelques exercices pour faire l'expérience de la hachure.

1-aplats
tracez plusieurs carrés. hachurez ensuite les surfaces en proposant différents traitements. Superposez progressivement plusieurs couches de hachure pour jouer sur les valeurs. Il est préférable, dans un premier temps, de se donner un sens de hachure et de l'appliquer sur tout le dessin.


Ces aplats de hachures peuvent être utilisés pour construire un arrière plan, et détacher des figures sur ce dernier. En voici quelques exemples:
d'après le moulage d'un pleurant de la cité de l'architecture et du patrimoine
d'après le tympan du portail de Conques


2- modelé
Le modelé s'obtient au moyen de hachures qui traitées en dégradé traduisent les différentes valeurs de l'ombre et de la lumière.
Construisez un cercle. En hachurant progressivement la surface de ce dernier, vous allez essayer de rendre compte du volume d'une sphère. Le but étant, dans votre dégradé, d'aller du noir vers le blanc en passant par une zone intermédiaires: celle des demi-teintes.


quelques exemples:
d'après la tête dite "Kaufmann" attribuée à Praxitèle au musée du Louvre
d'après Manet au musée des beaux arts de Lyon
3- jeux graphiques
Je vous propose à présent plusieurs jeux de ligne autour de la hachure.

ex 1: Croisez plusieurs lignes droites. Vous obtenez une série de zones que vous allez ensuite hachurer. Essayez, pour chaque zone, de proposer un nouveau modèle de hachure.


ex 2: Amusez vous à construire un visage, emprunté à un tableau de maître, uniquement à partir de hachure. Vous allez progressivement construire le contour de votre silhouette en matérialisant un fond. Pour vous aider, faites une première fois l'exercice en commençant par dessiner votre visage au crayon. Puis recommencez, cette fois sans crayonné.

d'après Vigée-le-brun au Louve
ex 3: dessinez la silhouette d'un personnage. Insérez la dans un cadre. Commencez par hachurer votre silhouette en dégradé du haut vers le bas. Faites ensuite la même chose dans le fond, mais cette fois-ci en partant du bas. Veillez à ce que votre hachure épouse systématiquement les contours que vous avez soigneusement tracés au préalable. Vous voyez alors complètement disparaître le tracé pour laisser place à de beaux clairs-obscurs: l'association de zones noires et blanches.

d'après un moulage de la cité de l'architecture à Paris